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Jean Claude Rodríguez-Ferrera
EspagneAssociation for Self-Financed Communities (ACAF)
Ashoka Fellow depuis 2006

En créant des groupes financiers autonomes dirigés par des immigrants, Jean Claude Rodríguez-Ferrera Massons répond aux besoins financiers et de réseautage fondamentaux de la population immigrée espagnole et garantit leur pleine citoyenneté et leur participation à l'économie.

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La personne

Il y a un certain nombre de moments dans la vie de Jean Claude qui, selon lui, ont nourri son intérêt pour les questions sociales : les histoires sur les premiers chrétiens qu'il a entendues alors qu'il étudiait dans une école jésuite ; la découverte, en tant que scout de 15 ans, qu'il y avait un certain nombre de communautés pauvres et isolées en Bolivie qui se géraient elles-mêmes ; le film Gandhi qui lui a montré comment le pouvoir des gens pouvait transformer une société de manière pacifique grâce à la canalisation de leur potentiel par un leader. Son expérience au sein de l'organisation étudiante AIESEC lui a appris le pouvoir des groupes de jeunes et le travail en réseau. En tant que vice-président de l'AIESEC, il a mis en place un programme de stages à vocation sociale pour les étudiants qui fonctionne à ce jour comme l'un des principaux programmes de l'organisation. Au cours des nombreux voyages qu'il a entrepris à cette période de sa vie, il a été témoin d'innombrables exemples de potentiel humain et des résultats puissants des communautés organisées. Afin de mettre ses intérêts en pratique, il a décidé de lancer un programme de commercialisation de l'artisanat des femmes autochtones. au Guatemala, où il a vécu pendant quatre ans. Il s'appelait « Mayan Treasures » et a remporté un prix latino-américain pour le meilleur programme de soutien aux communautés autochtones. Persuadé de pouvoir mener à bien de grands projets, il a commencé à chercher de plus grands défis. Au cours de cette période, il se familiarise avec le modèle des Bancomunales et y est attiré car il offre des opportunités de rassemblement, de partage et d'appartenance, en plus du simple financement. Après son retour en Espagne, Jean Claude travaille avec un institution qui conseillait les micro-entreprises immigrées et accompagnait la phase initiale de lancement de projets sociaux innovants. Il a été témoin de première main du traitement discriminatoire subi par les groupes d'immigrants, des difficultés uniques auxquelles ils sont confrontés et des résultats de leur isolement. Il a créé l'Association pour le développement communautaire en 2004 à partir de laquelle il a lancé un programme de création de communautés et de réseaux avec les immigrants comme groupe prioritaire. Il monte alors le premier groupe financier autogéré avec quelques-uns de ses amis. Il y a participé afin d'avoir une expérience directe d'un système qu'il proposerait à d'autres. Ce premier CAF est toujours en activité. Jean Claude a suivi des études approfondies en économie, et a effectué une importante période d'apprentissage et d'expérience. Il est maintenant convaincu qu'il a trouvé la clé pour provoquer le changement systémique nécessaire dans les sociétés qui accueillent un grand nombre d'immigrants dans n'importe quelle partie du monde.

La nouvelle idée

Jean Claude offre une pleine citoyenneté sociale et économique aux immigrés espagnols en les regroupant dans des coopératives qui les aident à accéder aux services dont ils ont besoin pour devenir des entrepreneurs et des professionnels plutôt que des personnes à charge de l'aide sociale. Jean Claude a créé de petites Communautés Financières Autogérées parmi les immigrants aux ressources économiques limitées afin de répondre à leurs besoins financiers de base. Utilisant un système simple et autonome d'épargne et de crédit, les membres de ces communautés peuvent accéder à des produits et services (microcrédit, microassurance et produits de consommation) qui les aident à progresser financièrement. Ces communautés financières jouent également un rôle important en fournissant un « réseau relationnel » aux immigrants qui ont quitté leurs liens sociaux dans leur pays d'origine. Ce réseau est essentiel pour nouer des contacts, trouver des emplois et fournir une solution de rechange financière en cas d'urgence ou de circonstances imprévues. Pour les besoins que les groupes ne peuvent satisfaire seuls, Jean Claude collabore avec des entreprises pour les aider à développer des produits et services spécifiquement destinés aux immigrants. De cette façon, Jean Claude démontre le potentiel économique de ce nouveau marché au secteur des affaires tout en démontrant aux immigrants le pouvoir de la communauté et du réseau comme moyen de progresser financièrement et de commencer à se forger une identité autre que celle d'immigrant.

Le problème

De nombreux immigrants d'Afrique, d'Asie et des Amériques voient l'Europe comme une terre d'opportunités où il y a beaucoup de travail et où il n'est pas nécessaire de lutter pour sa survie quotidienne. Ceux qui arrivent en Espagne sont cependant confrontés à une réalité différente. Les immigrés se retrouvent de plus en plus isolés dans des poches de pauvreté. Dans de nombreux cas, ils n'ont pas accès aux services de base dont bénéficient les Espagnols, même après avoir passé plusieurs années dans le pays. Les droits fondamentaux tels que des conditions de travail dignes, l'accès aux services financiers, la représentation dans les institutions publiques et la participation aux affaires civiques restent insaisissables pour de nombreux immigrés espagnols. En conséquence, les personnes qui sont venues avec le désir d'être productives et de réussir finissent par être une dépense pour les services sociaux espagnols et dépendent de la charité. Ce problème devient de plus en plus aigu à mesure que le nombre d'immigrants en Espagne augmente, mais les structures sociales et économiques restent insensibles et inutiles. En l'an 2000, la population immigrée représentait 2,3 % de la population totale, mais en moins d'une décennie, ce groupe constitue désormais 10 %. Ce chiffre exclut les immigrés sans papiers, dont le nombre pourrait doubler le décompte final. Alors que cet afflux a attiré l'attention du public, la société espagnole n'a pas développé de stratégies claires et définitives pour faire face au défi, et ses services sociaux sont sur le point de s'effondrer. Les agences gouvernementales et la société civile ont mis en place des mesures visant à atténuer la pauvreté des immigrés et les conditions d'extrême vulnérabilité dans lesquelles ils se trouvent à leur arrivée. Mais ces agences semblent incapables de développer et de suivre des stratégies à long terme qui assureront une intégration saine des immigrés et bénéficieront finalement énormément à l'économie espagnole. Évidemment, les problèmes des communautés immigrées ne sont pas seulement matériels. Les immigrés récemment arrivés dans les pays occidentaux se retrouvent déplacés et ignorés. Ils ne trouvent pas facilement du travail et beaucoup manquent d'un réseau social qui nourrisse leur développement personnel et économique et leur permette de s'intégrer naturellement dans leur nouveau pays. Les associations d'immigrés se concentrent généralement sur des événements culturels spécifiques d'un groupe ethnique ou d'une nationalité donnée, et leurs membres participent rarement à d'autres activités.Malgré la diversité de leurs origines géographiques, sociales, culturelles et religieuses, les immigrés en Espagne sont confrontés à de nombreux problèmes communs : jours, manque de temps libre, faible motivation, manque de confiance qu'ils peuvent faire quelque chose pour changer les choses, manque de moyens clairs de participation et absence d'identité collective. Ces facteurs les empêchent de s'organiser pour résoudre leurs problèmes communs, de défendre leurs droits de travailleurs, d'électeurs, de citoyens et de s'impliquer dans la conception et la création d'une société qui les tienne compte.

La stratégie

Conscient des difficultés rencontrées par les immigrés pour construire un réseau de soutien dans le pays d'accueil, Jean Claude a commencé à explorer des incitations à les rapprocher. Il était convaincu qu'en créant des groupes de soutien, il aiderait les immigrants à mieux s'intégrer dans leur nouvelle société. Jean Claude a conclu que la meilleure incitation était l'accès à un crédit flexible qui leur permettrait de couvrir leurs besoins de base tout en se concentrant sur des ambitions plus larges. Inspiré par la méthodologie du modèle BanComunales d'Ashoka Fellow Salmon Raydan, ainsi que sa passion et son expérience du développement communautaire élément clé de la transformation sociale, Jean Claude crée des groupes financiers autogérés dans tout le pays. Chaque groupe de 30 exécute ses propres petits programmes d'épargne et de crédit. Les groupes sont appelés Communautés Financières Autogérées (CAF). Bien qu'elles partagent une méthodologie et un réseau communs, chacune s'accorde sur ses propres règles de fonctionnement et coordonne ses propres activités. Au-delà de l'accès au crédit, les CAF encouragent l'épargne. Pour rejoindre un groupe, chaque membre doit initialement acheter un certain nombre de « actions » dans le groupe ; le montant acheté détermine sa capacité de crédit. Ce capital permet à chaque membre de demander de petits prêts pour lesquels il paie un certain montant d'intérêt déterminé par le groupe. Les intérêts payés par les membres qui demandent des prêts procurent un profit aux autres membres de la communauté. Jusqu'à présent, Jean Claude a promu la création de 13 CAF pour les immigrés en Catalogne, et il travaille à reproduire le modèle dans toute l'Espagne et l'Europe. La création de nouvelles CAF est importante car plus le réseau est grand, plus son pouvoir de négociation et de représentation est grand. Jean Claude identifie des leaders potentiels pour démarrer de nouveaux CAF, y compris des chefs d'entreprise influents, des présidents d'associations, voire des prêtres. Dans de nombreux cas, il travaille directement avec les organisations d'immigrants et leur offre ce nouvel outil pour encourager une plus grande participation de leurs membres. Dans certains cas, les membres des CAF existantes ont créé leurs propres nouveaux groupes financiers. Les membres sont initialement attirés par les CAF en raison de l'accès à un financement flexible, mais c'est la communauté qui les maintient engagés en tant que participants réguliers. Chaque groupe agit comme un puissant réseau de contacts, d'opportunités d'emploi et d'accès à des services et des produits qui seraient presque impossibles à atteindre pour les individus seuls. Divers services sont créés et gérés par les groupes eux-mêmes. Par exemple, certains groupes ont développé leur propre « assurance urgence » avec laquelle ils prennent en charge une partie des frais de déplacement d'un membre de la CAF en cas de décès ou de maladie grave dans sa famille restée au pays. Sans une telle assurance, une personne pourrait être endettée pendant des années. Le groupe crée un fonds de solidarité qui, s'il n'est pas dépensé, n'est pas perdu puisqu'il est soit utilisé l'année suivante, soit réparti entre les membres. Jean Claude développe également des services complémentaires qui profitent de la masse critique de membres du réseau CAF. L'une des plus réussies a été une sorte de « pages jaunes » dans lesquelles les membres partagent des informations sur les services offerts ou nécessaires par d'autres membres du réseau allant des électriciens aux baby-sitters. Cependant, Jean Claude reconnaît que bon nombre des besoins des immigrants seraient mieux satisfaits par le secteur privé. Par conséquent, il travaille avec diverses entreprises pour les aider à concevoir et adapter des produits et services spécifiquement pour ces collectifs. Pour développer les premiers services pilotes, Jean Claude a sélectionné un groupe d'entreprises intéressées par les immigrants en tant que groupe et avec une dimension sociale importante. Par exemple, l'un de ses premiers partenaires était une compagnie d'assurance multinationale qui n'avait pas réussi à vendre ses produits d'assurance au secteur des immigrants. Profitant de l'expérience et de la médiation de Jean Claude et impliquant des membres des CAF, l'entreprise a conçu un produit spécifique pour répondre à trois besoins importants exprimés par les immigrés : une assurance pour le rapatriement des corps des défunts, un service de consultation médicale par téléphone , et une assistance juridique rapide.Actuellement, Jean Claude travaille avec les entreprises pour identifier de nouveaux besoins et développer de nouveaux produits et services à la fois utiles pour les immigrants et profitables pour le secteur des affaires. Son objectif est que les entreprises prennent conscience de l'importance économique de ce groupe et lui proposent des produits et services adaptés tant en termes de contenu que de coût. Au sein de ce « catalogue de services » se trouvent une Coopérative de Consommateurs, un Fonds d'Investissement Social où l'excédent de capital des CAF peut être investi, un programme de logement et un service juridique, entre autres. Afin de répliquer son idée dans le reste de l'Europe, Jean Claude identifie des partenaires potentiels qui apporteraient un soutien économique aux premiers CAF. À mesure que les immigrants seront de plus en plus reconnus comme vendeurs et acheteurs de ces services, ils parviendront à une plus grande intégration économique et sociale.