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Au cours des 15 dernières années, Marie a conçu un modèle pour faire de l'engagement citoyen une étape normale dans la vie des jeunes et a ainsi créé l'infrastructure pour les aider à devenir des acteurs de changement social. Alors que des milliers de jeunes continuent de consacrer des périodes de leur vie à plein temps à des organisations sociales et environnementales, Marie positionne désormais son association comme un véritable laboratoire expérimental dédié à inventer de nouvelles façons pour les jeunes de s'engager dans la société et à créer les outils d'une nouvelle génération d'acteurs du changement.
A 22 ans, Marie choisit de ne pas embrasser la carrière traditionnelle d'une diplômée d'école de commerce, provoquant la déception de sa famille bourgeoise qui attendait d'elle une carrière classique et lucrative. Après de nombreuses expériences dans le secteur citoyen telles que le tutorat d'enfants et le lancement d'une antenne des Restos du Cœur, une OC nationale qui fournit aux familles démunies une alimentation peu coûteuse et mène des campagnes de sensibilisation sur l'hygiène, la vaccination et le sida en Afrique, elle a eu un rencontre clé avec Lisbeth Shepard qui a lancé l'idée du service civique aux États-Unis. Marie s'est rendu compte que l'un des résultats du système français de protection sociale est que les gens s'habituent à attendre des solutions sociales de la part des institutions publiques lorsqu'un problème social surgit. Elle a ainsi conçu un programme pour éveiller les jeunes et les mobiliser autour d'enjeux sociaux. En 1994, Marie lance Unis-Cité avec deux pairs de l'école. En seulement un an, elle dirigeait un CO avec six employés à temps plein et un budget de 1,2 million de francs levés auprès de grandes entreprises privées. Marie rejette la tendance croissante de la société française au fatalisme, au pessimisme et à la désillusion des jeunes citoyens envers l'action politique et l'engagement citoyen. Afin de redonner confiance dans l'action citoyenne, Marie croit en l'importance de tisser des ponts avec les acteurs privés et publics pour diffuser son modèle et convaincre les décideurs politiques de miser sur le potentiel de la jeunesse. De plus, elle souhaite que la diversité devienne un levier puissant pour à la fois améliorer le bien-être de la société et favoriser l'engagement des jeunes. La forte croyance de Marie dans la diversité découle en partie de son expérience personnelle : son mari et le père de ses deux enfants est sénégalais, et elle comprend particulièrement le défi auquel sont confrontées les personnes aux origines mixtes. C'est pourquoi elle a donné une dimension essentielle à la diversité au sein d'Unis-Cité. Le travail exemplaire de Marie dans ce domaine l'a amenée à rejoindre le comité consultatif de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances. Au-delà d'Unis-Cité, Marie a lancé et/ou participé à de nombreuses initiatives pour créer un secteur citoyen plus fort et promouvoir l'entrepreneuriat social. En 1999, elle fonde un cabinet de conseil pour professionnaliser les pratiques de management et d'organisation des OC et accompagner les grandes entreprises dans leur stratégie de mécénat. Pionnière dans le système académique, Marie a co-fondé en 2004 le premier programme d'études supérieures sur l'entrepreneuriat social en France, à l'ESSEC Business School. Quelques années plus tard, elle lance Antropia, le premier incubateur d'entreprises sociales en France.
A travers Unis-Cité, Marie est la première à encourager et faciliter l'engagement citoyen de tous les 18-25 ans. Convaincue que chaque individu a un rôle à jouer dans la résolution des problèmes sociaux et environnementaux, elle a levé les barrières financières et culturelles en concevant et en mettant en place un service civique bénévole valorisé à travers la France. Sur la base du volontariat, ses programmes ont permis à des milliers de jeunes de réaliser des missions de 6 à 9 mois au sein d'un réseau partenaire de 600 organismes sociaux, et ainsi de développer l'empathie, l'ouverture d'esprit et le leadership des jeunes. A ce jour, 115 000 personnes ont directement bénéficié du travail des bénévoles, et le succès de son initiative a convaincu le gouvernement français de créer la première Agence Nationale de Service Civique pour faire évoluer le modèle de Marie et favoriser l'esprit citoyen des nouvelles générations de jeunes. . Créée en mai 2010, cette agence reconnaît officiellement et finance l'engagement social. Elle travaille main dans la main avec Unis-Cité pour soutenir activement et engager au moins un jeune sur dix, dans chaque tranche d'âge, à devenir un ambassadeur du changement. Tout en développant le service civique, Marie a contribué à faire évoluer l'ensemble de l'infrastructure sociale pour que ces nouveaux changemakers renforcent l'impact social des organisations existantes. Soucieuse d'efficacité, Marie accompagne les structures partenaires qui accueillent les jeunes dans la définition des besoins et des objectifs, la structuration des missions de volontariat et la gestion, l'intégration et la formation des équipes. Ce faisant, elle s'assure que d'une part, les jeunes accomplissent des missions utiles et épanouissantes et, d'autre part, que les organismes d'accueil bénéficient de bénévoles professionnels, créatifs et intrapreneuriaux. Marie a ainsi réussi à créer toutes les conditions pour favoriser la citoyenneté des jeunes et promouvoir l'entrepreneuriat social des jeunes. Bénéficiant d'une large base de données de jeunes engagés, d'un puissant soutien de partenaires publics et privés et d'une reconnaissance nationale, elle vise désormais à atteindre un deuxième point de bascule où les jeunes non seulement comprennent et participent aux problèmes sociaux, mais créent également leurs propres solutions en lancer leur propre entreprise sociale. Cross-fertilization avec les programmes existants, par ex. Ashoka Youth Venture est un élément clé de la stratégie de Marie pour mettre en place de nouveaux programmes. Marie travaille également en Afrique où elle a déjà apporté son expertise pour construire le service civique au Burkina Faso. Constatant le manque d'organisations sociales existantes sur place, elle va se concentrer directement sur l'entrepreneuriat social et s'associer aux réseaux locaux pour accélérer la mise en place de son initiative.
Au cours des dernières décennies, les niveaux d'engagement citoyen, de responsabilité individuelle et d'engagement politique en France ont diminué parmi les populations les plus jeunes : depuis 1980, le taux d'abstention a augmenté (il était de 70 % pour les 18-24 ans en 2002) et les activités de bénévolat ont diminué de 15 % depuis les années 1980. Ces chiffres sous-tendent le manque d'opportunités sociales, ainsi que les difficultés financières des jeunes à s'engager dans la société. Face à la non-reconnaissance de l'engagement citoyen par les institutions publiques, les universités et les employeurs, seuls 15 % des jeunes s'engagent dans une cause sociale ou environnementale, alors que 70 % déclarent le souhaiter. En toile de fond, ce recul de l'engagement citoyen est corrélé à des problématiques plus profondes comme le chômage des jeunes ou la dégradation de la mixité sociale due à la fin du service militaire. Dans le même temps, les activités citoyennes telles que le volontariat sont toujours des sources de bénéfices économiques et de créativité pour le secteur citoyen. Le temps consacré au bénévolat en France équivaut à 820 000 emplois, 13 milliards d'heures de travail ou 16 milliards d'euros par an (Agence nationale de la statistique, 2004). De plus, cette main-d'œuvre est une source incroyable d'innovation et d'action nouvelle pour les organisations citoyennes (OC). Cependant, c'est un défi bien connu que la gestion de la main-d'œuvre bénévole nécessite des ressources humaines dont les organisations ne disposent généralement pas. De plus, les bénévoles s'engagent souvent sans nécessairement avoir les compétences nécessaires pour faire le travail qui leur est présenté. Par ailleurs, le décalage entre les organisations sociales de la vieille école et les esprits des jeunes ne facilite pas l'adéquation entre les besoins et la volonté disponible. Culturellement, quelques jeunes se considèrent comme faisant partie des solutions, mais n'ont pas l'habitude de créer leurs propres projets. En France, prendre des initiatives et prendre des risques sont souvent méconnus et valorisés : les enquêtes montrent que la moitié des jeunes en France rêvent de devenir fonctionnaires pour bénéficier de la sécurité de l'emploi. Dans un monde qui change rapidement, avec des problèmes sociaux urgents, il est urgent de développer une nouvelle génération d'acteurs du changement ; des citoyens capables de gérer les problèmes sociaux et environnementaux et de trouver des moyens créatifs de les résoudre. Cet objectif sera atteint en redonnant un sentiment d'engagement citoyen aux jeunes et en développant leur esprit d'entreprise.
Au fil des ans, Marie a progressivement aboli toutes les barrières à l'engagement citoyen des jeunes. Elle utilise trois stratégies pour promouvoir le service civique des jeunes dans toute la France. Premièrement, elle a formulé un programme unique et un cadre juridique pour faciliter les expériences pratiques d'engagement civique pour les jeunes; deuxièmement, elle aide les CO à mieux gérer les bénévoles et à travailler efficacement avec cette nouvelle génération d'acteurs du changement ; et troisièmement, elle rassemble les acteurs du domaine de l'engagement citoyen des jeunes pour développer l'entrepreneuriat social des jeunes. Ensemble, ces trois approches ont créé les bases d'un environnement propice et favorable à l'engagement civique des jeunes en France. Marie a conçu un programme intelligent très précieux pour les bénévoles en termes de développement de compétences professionnelles ainsi que de qualités personnelles. Organisés en équipes de huit personnes, les volontaires s'engagent dans quatre à cinq missions différentes au sein d'organisations diverses au cours de leur année de service et ont l'opportunité d'apprendre sur une gamme de problèmes sociaux (par exemple, l'exclusion, la discrimination, la pauvreté, la solidarité intergénérationnelle et la l'environnement). En utilisant divers moyens de communication dans les universités, mais aussi dans les associations citoyennes et sportives locales des zones mal desservies, Marie s'assure que les équipes mélangent des jeunes d'horizons divers (c'est-à-dire privilégiés et défavorisés, étudiants, travailleurs peu qualifiés et minorités). Au-delà de leur travail sur le terrain, les volontaires consacrent une journée par semaine à des sessions collectives où ils renforcent leurs connaissances sur les enjeux sociaux, partagent leurs expériences et travaillent sur leur projet professionnel (c'est-à-dire qu'ils se fixent des objectifs, effectuent un suivi individuel et recherchent des collaborateurs potentiels après leur année de service). Les résultats sont remarquables : 94 % des chômeurs bénévoles trouvent un emploi à la fin de leur année de service ou reprennent leurs études. En plus de créer des opportunités pour les jeunes bénévoles, Marie a également construit le cadre financier et juridique pour la reconnaissance officielle des bénévoles par le gouvernement. Cela permet aux jeunes de s'engager pendant près d'un an comme bénévoles dans les OC, et d'être reconnus pour leur travail. Au cours des six premières années d'existence d'Unis-Cité, Marie a financé avec succès l'ensemble de ses programmes en s'appuyant sur des fonds privés, en engageant avec brio le personnel des entreprises pour coacher les jeunes et en proposant des journées de volontariat en contrepartie. En 2000, Marie franchit une étape importante en obtenant la reconnaissance légale du statut de « volontaire ». Ce statut permet aux jeunes de recevoir une compensation financière payée en partie par l'État ainsi que l'accès à des prestations, principalement une couverture d'assurance maladie et une cotisation à un régime public de retraite. En 2010, la création de l'Agence nationale du service civique a renforcé le cadre financier et juridique des volontaires en simplifiant les démarches administratives pour devenir volontaire et en donnant aux volontaires l'équivalent de crédits universitaires pour leur travail. De plus, le gouvernement a prévu 500 millions d'euros (710 millions de dollars) pour encourager et financer une masse critique de jeunes engagés dans des actions citoyennes. Tout en positionnant mieux les jeunes dans les OC ou les services sociaux des établissements publics locaux, Marie s'est rendu compte que la majorité de ces établissements n'étaient pas structurés pour accueillir et gérer des bénévoles. Pour pallier cette situation, elle consacre une partie de ses ressources à accompagner ces associations dans la définition de missions intéressantes et le partage de la gestion des équipes bénévoles. Par conséquent, 77 % de ses partenaires pensent que le travail des bénévoles est utile et efficace. Comme le nombre de bénévoles sera bientôt suffisamment augmenté grâce au travail de l'Agence nationale du service civique, Marie reconnaît l'importance de renforcer la capacité des organisations à recevoir et à soutenir les bénévoles. Elle monte également une société de conseil à but lucratif qui se spécialisera dans la gestion des bénévoles, dont tous les bénéfices seront réinvestis dans les principales actions associatives d'Unis-Cité. Enfin, Marie a mis en place des projets nationaux sur des thèmes où les partenaires peuvent interagir, apprendre, développer et mettre en œuvre des solutions ensemble, aidés par de jeunes volontaires. La disponibilité de la main-d'œuvre bénévole constitue une belle opportunité pour développer de nouvelles solutions et les mettre en place. Mediaterre, qui sensibilise à la consommation d'énergie des familles mal desservies, est l'une des initiatives nationales portées par Unis-Cité et parrainées par la compagnie nationale d'électricité et d'autres acteurs publics. Les équipes de bénévoles d'horizons divers sont les mieux placées pour faciliter le dialogue et réussissent donc mieux à changer les comportements. Marie a toujours considéré la fonction publique comme une première étape nécessaire au développement de l'engagement citoyen des jeunes. Les résultats de son travail démontrent l'émergence d'une nouvelle génération d'acteurs du changement : 88 % des bénévoles d'Unis-Cité déclarent mieux comprendre la société et la complexité des enjeux sociaux ; 83 % ont le sentiment d'avoir désormais les outils pour agir pour la société ; et 76 % se sentent plus audacieux pour prendre des initiatives. Sur la base de ces résultats et bénéficiant de son leadership sur le terrain, Marie souhaite étendre sa solution à d'autres pays et expérimenter de nouvelles façons d'engager les jeunes au-delà des projets de service. La prochaine étape clé est d'encourager l'entrepreneuriat social et d'accompagner les jeunes dans la création de leur propre entreprise sociale, en capitalisant sur l'expertise d'organisations existantes comme Ashoka Youth Venture ou Antropia, l'incubateur d'entreprise sociale créé par Marie. D'un point de vue international, Marie a déjà participé à la réplication de sa solution au Burkina Faso, où 900 jeunes ont été engagés comme volontaires du service civique. Elle réfléchit désormais à une stratégie de développement à l'échelle de l'Afrique, tout en travaillant à unifier les organisations de la fonction publique européenne existantes pour renforcer le mouvement et ajouter la composante entrepreneuriale.