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Christophe Dunand
SuisseRealise
Ashoka Fellow depuis 2014

Christophe Dunand a changé le mode de fonctionnement du secteur social suisse en le rendant plus collaboratif, ascendant et orienté vers le changement. Il a introduit une approche nationale pour connecter certaines des personnes les plus exclues (chômeurs de longue durée et personnes socialement défavorisées) au marché du travail en relevant les défis créés par la réglementation et le contrôle hautement locaux du gouvernement suisse, démontrant le pouvoir de l'innovation. et l'expérimentation pour relever les défis sociaux, et la création de réseaux multisectoriels à travers les silos traditionnels. L'architecture du secteur social suisse de Christophe s'est traduite par la fédération et la professionnalisation des organisations sociales, l'établissement de l'entreprise sociale en tant que structure viable et l'engagement de tous les secteurs de la société suisse dans la conduite du changement.

#Affaires et entreprise sociale#Emploi#Sociologie#Entrepreneuriat#Innovation sociale#Entreprise sociale#Problèmes sociaux#Économie sociale#Suisse#Cantons de Suisse

La personne

Christophe n'était pas intéressé ou inspiré par les écoles traditionnelles, il a donc sous-performé et a abandonné l'école à l'âge de 16 ans. Passionné par l'environnement, il a rejoint un programme professionnel d'horticulture avec l'idée d'apprendre à produire de la nourriture sans nuire à l'environnement. Il fréquente ensuite une école d'ingénieur et fait des recherches sur le compost de bois, développant la première toile de compost, un concept innovant pour l'époque. De plus en plus engagé, il réalise que les enjeux environnementaux sont fortement corrélés aux enjeux sociaux et économiques. A 23 ans, il part au Nicaragua pour travailler dans des fermes coopératives et mieux comprendre l'agriculture, en travaillant main dans la main avec les communautés locales. De retour à Genève, il suit un Master post-gradué en Développement durable, et participe au démarrage, sur la base du volontariat, d'une petite association sur l'emploi, REALISE. En 1989, face à la montée du chômage, il décide de quitter son emploi pour transformer REALIZE en la première entreprise sociale suisse de réinsertion sociale et économique. Ayant un vif intérêt pour l'expérimentation et la modélisation de nouvelles idées, il a essayé un certain nombre de nouvelles stratégies pour obtenir un plus grand impact, telles que l'effet d'une période de formation intense de six mois sur la réintégration dans la population active et l'accent mis sur la proximité du marché en aligner la formation sur les besoins des entreprises et les tendances en milieu de travail. En raison de son désir de partager ses succès et ses échecs, d'améliorer ses idées et d'augmenter son impact, Christophe est devenu frustré par le manque systémique de soutien aux entrepreneurs sociaux. Convaincu par la puissance des réseaux et inspiré par le travail collaboratif au Burkina Faso, Christophe a lancé la première plateforme permettant les mises en relation, le partage des bonnes pratiques et l'apprentissage mutuel entre acteurs du champ social. Par une approche ascendante respectueuse de l'identité et des besoins de chaque organisation, il a réussi à rassembler les grandes organisations pour l'emploi et l'insertion, leur accordant une identité commune et une voix commune pour s'adresser aux institutions publiques. Pour aller plus loin dans la création d'un écosystème d'accompagnement des entreprises sociales, Christophe a ouvert son champ d'action à des thématiques plus larges. En 2004, il lance un premier groupe de travail sur l'entrepreneuriat social, qui deviendra plus tard les Chambres cantonales de l'économie sociale. Son appétit pour l'expérimentation, la modélisation et le partage l'a amené à développer des boîtes à outils pour responsabiliser les acteurs locaux sur les moyens les plus efficaces de créer un changement social. Proche des institutions académiques, Chrisophe s'intéresse à la fois à la théorie et à la pratique nécessaires pour réussir. Grâce à une capacité exceptionnelle à mobiliser les acteurs clés et à un profil diversifié d'entrepreneur, de travailleur social et d'enseignant universitaire, Christophe a réussi à briser les silos et à engager les acteurs sociaux, publics, académiques et économiques dans un mouvement de changement. Entrepreneur charismatique, visionnaire et pragmatique, Christophe est un pionnier reconnu en Suisse qui est, selon ses propres mots, « comme une plante qui pousse progressivement, continuellement, sans se casser ».

La nouvelle idée

Tout au long des années 90, Christophe a commencé à construire le domaine des "entreprises d'insertion sociale" (c'est-à-dire des entreprises sociales axées sur la connexion plus permanente des chômeurs vulnérables au marché du travail) et à démontrer le pouvoir de l'entrepreneuriat social. Il a inventé et mis à l'échelle un nouveau modèle de réinsertion des personnes les plus exclues sur le marché du travail et en a fait la nouvelle référence pour l'ensemble du secteur social. Capitalisant sur son expérience et sa reconnaissance dans le domaine de l'insertion sociale, Christophe a répliqué son modèle et initié un mouvement de changement dans tous les domaines d'action sociale, de l'éducation à l'environnement en passant par la santé, en luttant contre l'exclusion. Son modèle de transformation s'appuie sur une triple stratégie : 1) créer des réseaux pour fédérer les initiatives locales sous une identité commune et faire tomber les barrières créées par la nature fortement locale du secteur social et de la réglementation gouvernementale ; 2) incuber de nouvelles solutions et démontrer le pouvoir de l'innovation pour changer les systèmes traditionnels ; et 3) briser les silos pour impliquer les acteurs gouvernementaux, universitaires et commerciaux. L'ADN de la plateforme nationale de Christophe pour connecter les initiatives locales pour l'emploi comprend la formation aux emplois en demande, l'évolutivité, l'innovation et les partenariats privés. Grâce au travail de Christophe, une définition unique de l'entreprise sociale d'insertion est désormais acceptée dans tous les cantons suisses, ce qui débloque un financement et un soutien pour les initiatives de passage à l'échelle. Par ailleurs, le « ‘Swiss Integration Network’ – qui regroupe toutes les organisations publiques et privées travaillant sur les questions de travail – utilise le modèle de Christophe comme son nouveau cadre stratégique. Christophe a également créé un réseau phare de «Chambres cantonales de l'économie sociale» qui offre une visibilité, une coordination et une collaboration sans précédent au secteur social suisse, qui a été plus lent à adopter l'innovation et qui est de nature très locale. Enfin, Christophe a lancé les premiers cours d'entrepreneuriat social dans les universités et écoles de commerce en Suisse, a influencé la ville de Genève pour créer un nouveau contrat de travail pour les personnes en difficulté sociale, et il a engagé la Confédération nationale du patronat suisse (26 000 entreprises) pour changer leurs processus de recrutement et embaucher des personnes issues d'entreprises sociales d'insertion. Figure clé en Suisse, les efforts de pionnier de Christophe ont créé un espace juridique et financier légitime permettant au secteur de l'entrepreneuriat social de faire surface et de se développer.

Le problème

Les années 1990 ont mis fin à une longue période de prospérité en Suisse, la crise économique mondiale frappant le pays dix ans plus tard que les autres pays européens. La grande récession économique a accéléré les changements dans la structure du marché du travail et, pour la première fois, le taux de chômage a fortement augmenté, passant de 1,2 % à 8 %. Le secteur social suisse, ancré dans des modèles traditionnels d'action sociale et caritative, n'avait pas de solutions pour lutter efficacement contre le chômage généralisé et l'exclusion économique. De plus, parce que la Suisse est structurée comme une confédération et que la politique et la pratique sont très locales, la croissance et la diffusion d'initiatives sociales réussies et à fort impact ont été limitées. Avec quatre langues officielles et 26 cantons, gérant leurs propres gouvernements et réglementations locales, la Suisse est un pays de petites organisations atomisées et locales. Les politiques publiques définies au niveau de l'État, des cantons ou des villes sont souvent incohérentes, notamment celles liées à la réglementation du travail, aux droits des personnes handicapées ou au financement de la formation professionnelle. Cette structure tournée vers le local a freiné la diffusion et le développement à grande échelle de solutions axées sur les problèmes sociaux. Comparée à des pays voisins comme la France, l'Italie ou l'Allemagne, qui ont vu émerger des mouvements coopératifs au XVIIIe siècle, la Suisse a peu d'histoire d'entreprises sociales ou d'économie sociale. Parce que la Suisse construit ce secteur à partir de zéro, les leaders du secteur social tirent les leçons des succès et des échecs des leaders du secteur social dans d'autres pays et cherchent à être plus efficaces et efficients dès le départ. Par exemple, de nouvelles solutions employant des personnes vulnérables promeuvent la nécessité d'être proche du marché, de développer des modèles économiques forts et de s'associer avec des acteurs économiques.

La stratégie

Au début des années 1990, Christophe reprend REALISE, une entreprise sociale de cinq salariés près de Genève qu'il a contribué à créer en 1984, dans le but de piloter le premier modèle suisse d'insertion de chômeurs. Aujourd'hui, première entreprise de réinsertion en Suisse, REALISE aide à connecter les personnes en difficulté d'emploi à la main-d'œuvre, avec des programmes de formation de six mois très adaptés aux besoins des entreprises et aux tendances du marché du travail. REALISE entretient des relations étroites avec les entreprises et ses programmes de formation s'adaptent régulièrement pour suivre les besoins du marché du travail, des services de blanchisserie, de jardinage ou de logistique à l'horlogerie. Pour diffuser son idée à d'autres initiatives locales oeuvrant sur la formation à l'emploi et l'insertion des populations fragilisées, Christophe a créé en 2002 le "Conseil pour l'Insertion Sociale et Economique". Ce réseau pionnier fédère plus de 170 organisations et a plusieurs objectifs : partager des expériences et meilleures pratiques parmi les efforts localisés, de favoriser une plus grande collaboration entre les organisations locales, d'organiser des formations et, surtout, de rassembler tous les acteurs sous la même identité et de faire pression pour une plus grande reconnaissance et un soutien des institutions publiques. Compte tenu de la gouvernance décentralisée de la Suisse, Christophe a développé de solides ancrages locaux pour être représenté au niveau cantonal et municipal, tout en créant une identité et une représentation nationales. Grâce à son travail, une définition commune de l'entreprise sociale d'insertion est maintenant acceptée par tous les cantons et des subventions publiques ont été adaptées pour financer et soutenir des efforts comme celui de Christophe qui visent à intégrer les personnes difficiles à employer dans la population active. Appliquant la même méthode pour le champ plus large de l'entrepreneuriat social, Christophe a créé en 2004 le réseau national des "Chambres cantonales de l'économie sociale". Construites selon une approche ascendante pour répondre aux besoins des acteurs de terrain, ces chambres sont de nouveaux espaces pour chaque organisation ayant une mission sociale pour partager des pratiques, se professionnaliser et identifier les obstacles critiques et les étapes nécessaires à la mise à l'échelle. Les Chambres cantonales de l'économie sociale se concentrent également sur l'évolution des politiques et la collaboration avec les pouvoirs publics. Christophe a piloté la Chambre de Genève - la première et la plus grande chambre du réseau avec plus de 250 membres - et l'a positionnée comme le premier laboratoire d'innovation pour expérimenter différentes méthodes de changement social et diffuser ces méthodes. Chaque expérimentation (ex : bonnes pratiques, formations, négociation avec des institutions publiques ou des partenariats privés) est analysée et intégrée dans des boîtes à outils de réplication pour être facilement partagée entre toutes les Chambres actuelles et futures. Le premier intégrateur suisse d'entreprises sociales (ESSAIM) est devenu une initiative majeure de la Chambre de Genève. Grâce à son accompagnement et ses conseils, 42 entreprises sociales ont déjà été lancées. Ayant démontré sa capacité à transformer le secteur social et à influencer tous les acteurs, l'ambition de Christophe est désormais de briser les silos entre tous les secteurs, et de positionner les modèles d'entrepreneuriat social comme des forces inspiratrices pour faire basculer notre économie vers un système plus durable. En ce sens, Christophe a poussé les idées d'entrepreneuriat social dans le monde des entreprises, du public et du monde universitaire et a permis des changements majeurs dans leurs pratiques. En 2008, Christophe met en place le premier cursus en Entrepreneuriat Social à la Haute Ecole d'Administration des Entreprises de Genève, bientôt suivi par la plupart des universités suisses, et engage plusieurs chercheurs académiques sur le rôle et l'impact de l'économie sociale en Suisse. Au sein du secteur public, il a influencé et fait évoluer la politique relative aux contrats de travail et a permis la création d'« emplois solidaires » à la frontière entre l'insertion et l'emploi traditionnel. Parce que 700 personnes ont déjà bénéficié de ce nouveau statut à Genève, le modèle est exploré par d'autres pays européens, comme la France, qui n'ont pas réussi à créer un contrat de type intermédiaire, capable d'employer des personnes qui auront toujours des difficultés sur le marché du travail. marché à long terme. Au sein du secteur des entreprises, un partenariat clé avec la Confédération nationale des employeurs est également une première dans le domaine de l'intégration sociale en Europe et est désormais considéré comme un modèle sur la manière de co-créer un processus de recrutement incluant des personnes issues de la réinsertion sociale. Reconnu comme un pionnier à bien des égards, Christophe participe à des groupes de travail partout en Europe et permet à l'exemple suisse de devenir un moteur dans d'autres pays.

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