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Le Dr Pierre Foldes développe une approche holistique inédite dans un centre unique, gratuit et accessible, pour surmonter efficacement les problématiques auxquelles sont confrontées ces femmes – médicales, psychologiques, juridiques et sociales – lorsqu'elles sont prêtes à briser le cycle de la violence conjugale. . Sa solution est conçue comme un écosystème de coopération entre les (médecins, police, justice, petits commerces) pour concevoir et mettre à l'échelle de nouvelles façons de détecter et d'accompagner ces femmes jusqu'à ce qu'elles soient totalement hors de danger.
Le Dr Pierre Foldes a eu un parcours exceptionnel, presque exclusivement axé sur les populations vulnérables. Dès le début, son rêve a été de s'occuper de personnes dont personne ne veut s'occuper, dans des endroits où personne ne veut aller. Cela l'a amené à vivre une expérience extraordinaire en tant que jeune médecin, bénévole auprès de Mère Teresa. Travailler avec elle dans les hospices de Calcutta dans les années 90 a définitivement ancré sa vocation à soigner les femmes et les plus démunis. C'est lui qui a convaincu la religieuse qu'il était possible de guérir certaines de ces personnes et de les sauver d'une mort presque certaine. Il y reste trois ans et apprend à travailler avec très peu de ressources et à ne pas accepter l'inévitable. Pierre a soutenu la création de l'ONG internationale « Médecins du Monde » aux côtés de personnalités telles que Bernard Kouchner, Il est reconnu mondialement comme le chirurgien urologue qui a inventé la technique de réparation chirurgicale pour les femmes victimes d'excision. En pionnier visionnaire, il a développé cette technique dans le but de la rendre la plus transférable possible aux médecins locaux, notamment en Afrique, travaillant dans des conditions difficiles avec des moyens limités. Son intervention est donc réalisable en ambulatoire avec anesthésie locale, peu de matériel et à moindre coût. Pierre a toujours été très actif dans la transmission de son savoir-faire et encore aujourd'hui, à travers des formations et des conférences, il ne cesse de partager ce qu'il sait pour étendre de manière exponentielle son impact. En France, il a pu établir que la Sécurité sociale nationale remboursait l'opération de réparation des mutilations génitales. Consacrant sa carrière et sa vie à des causes sociales, il a reçu l'insigne de Chevalier de la Légion d'honneur en 2006. Il est également devenu un entrepreneur, qui a l'habitude de se développer professionnellement dans des environnements difficiles, au contact des groupes les plus vulnérables. Dans ces situations, il n'accepte jamais l'inévitable et trouve des moyens ingénieux de déployer et d'essaimer des solutions à grande échelle. Son charisme, son empathie et son altruisme sont pour lui de grands atouts pour convaincre et faire bouger les lignes à toutes les couches de la société, y compris les institutions publiques. Au tournant des années 2000, après des décennies passées à opérer et à former des chirurgiens du monde entier, Pierre prend conscience de la nécessité d'agir en amont auprès des femmes victimes de violences, et de réparer tout le système de soins. La percée est venue de ses consultations chirurgicales. D'abord purement médicaux, ces moments sont progressivement devenus des occasions pour les femmes de parler de l'origine de la violence, qui dépassait souvent les mutilations génitales féminines. Constatant que les solutions existantes n'étaient pas adaptées pour permettre aux femmes de parler de leurs situations, il imagine et construit un système d'alerte précoce pour signaler les victimes de violences, puis s'est mis au travail pour convaincre les institutions de mettre en place un système beaucoup plus efficace dans la façon dont les femmes sont traités. Enfin, il imagine l'Institut en gardant à l'esprit que si les soins médicaux sont cruciaux, il faut étendre les soins à d'autres problématiques. Son parcours international sur le terrain, notamment en Afrique et en Asie, lui confère une parfaite compréhension des violences faites aux femmes dans ces pays, et lui permet d'envisager le développement international de son modèle dans les années à venir.
Afin de surmonter les lacunes des approches existantes et de briser la spirale de la violence domestique à la maison, Pierre a construit un modèle qui aborde l'éventail des problèmes auxquels les femmes victimes de violence sont souvent confrontées lorsqu'elles tentent de briser le cycle de la violence. Réunissant un large éventail de professionnels – médecins, psychologues, avocats, travailleurs sociaux et infirmiers – en un lieu unique, il crée un nouveau cadre de coopération pour concevoir des protocoles multidisciplinaires et mettre rapidement les victimes hors de danger. Évitant soigneusement la stigmatisation et les ruptures dans le processus d'accompagnement, Pierre réussit à sortir définitivement une femme du cercle de la violence en moins de neuf mois, alors que la plupart y sont enfermées depuis des décennies. En plus de l'Institut, Pierre se concentre sur la prévention et la détection précoce des violences conjugales à travers un réseau de professionnels impliqués dans la vie des femmes, des médecins et pharmaciens aux commerçants de proximité. Sachant qu'il est extrêmement difficile de parler et de signaler les abus domestiques - en moyenne, une victime parle après dix ans d'abus - il les forme sur la façon de détecter les premiers signes de violence, de créer des opportunités pour les victimes de parler dès que possible et de recommander à l'Institut avant que la situation ne devienne trop grave. Pierre envisage une transformation puissante de la perception et du traitement de la violence domestique à l'égard des femmes. Dans ce but, Pierre travaille à la réplication de centres pluridisciplinaires en France. En parallèle, il cherche à influencer les principales parties prenantes sur sa méthodologie. Par le « plaidoyer pratique », il démontre l'efficacité d'engager les institutions (principalement les services de justice et de police) avec les cabinets privés (avocats, médecins et autres professionnels) et les organisations citoyennes pour mettre en place de nouveaux protocoles et agir plus efficacement pour les victimes.
En France, environ 600 000 femmes de 18 à 75 ans (5,5 % de cette tranche d'âge) sont victimes de violences, qu'elles soient psychologiques, physiques ou sexuelles. On estime que les victimes perdent ainsi 4 à 5 ans d'espérance de vie. Il existe un écart très important entre la réalité de la violence faite aux femmes et les stratégies pour y mettre fin. Être victime de violence reste un tabou et une honte, et il est très difficile pour les femmes d'en parler. En France, on estime que seulement 16 % des femmes victimes de violences portent plainte. Souvent, lorsqu'ils le font, c'est plusieurs années après par crainte de représailles ou de conséquences sur la cellule familiale. Dans la majorité des cas, les actions pour mettre fin à la violence domestique sont avortées suite à la pression des proches, ou directement de la personne à l'origine de la violence. Au-delà du coût humain, ces violences ont un coût économique important pour la société française, estimé à 1,1 milliard d'euros par an (lié aux coûts des soins, des procédures judiciaires, des pertes de production dues à l'absentéisme et à la mort, à l'emprisonnement, etc.). En comparaison, ce coût représente quatre fois le coût annuel du cancer du sein, faisant de la violence domestique un problème de santé national majeur. Les violences faites aux femmes touchent de la même manière tous les types de catégories socioprofessionnelles à travers le pays – des femmes très pauvres aux classes privilégiées. Il est donc particulièrement difficile de cibler une population et de développer des actions spécifiques autour de cette population. Les organisations existantes qui travaillent sur ce sujet apportent pour la plupart des solutions fragmentaires, souvent purement sociales ou médicales, et les bénéficiaires craignent la stigmatisation associée à ces services. Pour être aidée, une femme doit répéter douloureusement son histoire encore et encore. En termes de détection et de prise en charge, les professionnels pouvant être en contact avec les victimes – tels que les avocats, les médecins, les pharmaciens, les psychologues – ne sont pas formés pour détecter la violence ou, lorsqu'ils constatent des signes, ils n'osent pas aborder le sujet ou ne savent pas comment en parler. Certaines d'entre elles pourraient être approchées par des victimes mais le prix de la consultation peut être prohibitif pour les femmes dans le besoin. Finalement, le temps judiciaire n'est pas aménagé pour mettre rapidement les femmes hors de détresse et de danger. Le délai entre un dépôt de plainte et un procès dépasse régulièrement 18 mois, période pendant laquelle les femmes sont en réel danger, avec des risques de représailles. C'est un obstacle majeur pour passer à la première étape de la dénonciation et entamer une démarche de prise en charge.
Pierre a lancé l'Institut ISG en janvier 2014 près de Paris comme premier centre multidisciplinaire pour les femmes victimes de violences. Son objectif est d'agir rapidement et discrètement pour éviter que les situations ne dégénèrent. Les femmes sont reçues gratuitement et sans poser de questions et le centre est un guichet unique pour tout le soutien dont elles ont besoin pour prendre en charge tous les aspects de la situation de violence qu'elles vivent. Cela comprend un accompagnement juridique (pour porter plainte par exemple), des consultations par des équipes médicales et des psychologues, et un accompagnement social pour trouver des solutions sur le logement, le téléphone, etc. Pierre a choisi d'intégrer le centre au sein d'un hôpital public (Poissy-St Germain en Hôpital Laye) près de l'entrée pour éviter la stigmatisation. Cette option assure l'anonymat complet des femmes et préserve la confidentialité sur la raison de leur présence. Dans un premier temps, Pierre a développé des outils innovants pour permettre aux femmes de s'exprimer confortablement, avec des infirmières spécifiquement formées à l'accueil de l'Institut, et des groupes de parole où les femmes peuvent s'exprimer dans un environnement sécurisé, empathique et bienveillant. Il n'est pas nécessaire de répéter leurs histoires, toutes les informations sont partagées entre l'équipe de divers professionnels qui s'engagent à résoudre la situation des femmes. En effet, pour assurer le service de l'Institut, Pierre a mobilisé 150 bénévoles, dont 26 permanents, représentant diverses professions. Pour Pierre, la collaboration et le décloisonnement des soins sont des facteurs clés de succès. Chaque cas est discuté par une équipe pluridisciplinaire qui met en place un protocole adapté à chaque situation et définit les bons soins et les priorités. Avec l'accord des femmes, le secret médical n'est pas une règle en interne à l'Institut, afin de mieux partager l'information entre l'équipe engagée autour d'une victime et d'optimiser la meilleure façon de la prendre en charge. Pour éviter les ruptures fréquentes de prise en charge des victimes, l'Institut propose également des solutions originales de mise à l'abri. Pierre a noué des relations privilégiées avec des partenaires associatifs locaux pour trouver des solutions de logement, et propose même des prêts téléphoniques permettant aux femmes de rester toujours discrètement au centre. Pour étendre l'accompagnement en dehors de l'Institut en cas de besoin, des tarifs spécifiques sont négociés avec les professionnels. Un réseau de 100 psychologues, qui prélèvent normalement 70€ par consultation, reçoivent les femmes venant de l'Institut ISG pour 30€, et seulement 2€ pour celles en situation précaire. Afin d'augmenter son impact, Pierre agit également sur la prévention et cherche à intervenir au plus près des bénéficiaires potentiels, mobilisant un réseau de bénévoles en charge de la détection sur tout le territoire des Yvelines. Ce réseau, initié trois ans avant la création de l'Institut, s'appuie sur près de 2500 correspondants locaux dans les domaines de la santé, de la justice, de l'éducation nationale mais aussi de simples commerçants et organisations citoyennes) au contact quotidien des femmes. Depuis quatre ans, Pierre les forme à l'identification des risques et à "se poser la question". Il propose également différents guides pratiques et kits d'outils pour les aider à identifier les signes socio-sanitaires, et a mis en place une hotline dédiée aux bénévoles pour répondre aux questions et leur permettre d'alerter l'Institut en cas de besoin. La construction d'un réseau de détection a permis à Pierre de rencontrer tous les acteurs de la problématique et d'identifier les lacunes et dysfonctionnements du système existant. Ses observations l'ont amené à aller au-delà de l'accompagnement direct et à développer des actions de "plaidoyer pratique" pour impacter l'écosystème de prise en charge des victimes de violences au-delà des murs de l'Institut. De ce fait, il définit régulièrement de nouveaux protocoles de coopération avec les institutions et associations locales. Il a par exemple travaillé directement avec le palais de justice de Versailles sur un protocole où lui et son équipe s'engagent à déclarer un cas de violence directement au procureur pour accélérer le processus auprès de la justice. Il a également développé des liens avec le Collège des avocats et les services de police pour faciliter l'accès à des représentants spécifiquement sensibilisés à la prise en charge des situations de violence. En travaillant en étroite collaboration avec un réseau d'associations spécialisées, Pierre est capable de trouver des solutions de logement pour les femmes qui en ont besoin en quelques heures. Enfin, il a une convention avec des institutions administratives (comme la Préfecture des Yvelines) pour régulariser temporairement les femmes immigrées sans papiers afin d'assurer leur présence sur le territoire lors du processus d'accompagnement de l'Institut. Afin de répondre à la demande exponentielle des femmes pour accéder aux services de l'Institut, Pierre a commencé à travailler sur le développement national de son idée, tout en renforçant le modèle économique à travers de nouveaux partenariats nationaux publics et privés et des expérimentations génératrices de revenus (par exemple, en augmentant sensibilisation au sein des entreprises). Sa stratégie de développement repose sur l'accompagnement des initiatives locales d'ouverture de nouveaux instituts ISG et leur accompagnement dans le maintien des pratiques qu'il a développées pour ce modèle. Compte tenu de l'étendue des violences domestiques/sexuelles sur le territoire français, Pierre a priorisé huit villes (Toulouse, Marseille, Nantes, Rouen, Lille, Lyon, Chambéry, Grenoble). Pierre s'appuie sur des chefs de projet locaux pour gérer le processus de réplication. Pour accompagner cette croissance organique, Pierre envisage également de développer une stratégie d'influence au niveau national, basée sur des protocoles de coopération avec des institutions déjà déployées sur la zone pilote (préfecture, sous-préfecture, palais de justice) qui ont démontré leur impact. Dans son pilote, Pierre a travaillé avec les acteurs les plus importants de Paris, ce qui facilite la mise en place de nouveaux protocoles de coopération à travers le pays. Enfin, Pierre explore des opportunités au niveau international, avec des études de marché en Côte d'Ivoire, en RDC, au Mali et au Sénégal, avec un angle de prise en charge plus ciblé sur les mutilations génitales féminines.
Pierre Foldès