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Michel Babadjide
BéninLa Maison du Paysan
Ashoka Fellow depuis 2015

Michel augmente rapidement la production d'aliments biologiques en mélangeant les pratiques agro-pastorales traditionnelles avec les techniques modernes. Son approche inclusive s'adresse aux agriculteurs de toutes les couches économiques pour qu'ils s'engagent dans des activités plus rentables. En développant l'agriculture biologique et l'élevage naturel d'animaux, il inverse la tendance actuelle à l'importation de denrées alimentaires et défend une nouvelle tendance à l'exportation de denrées alimentaires.

#Médecine vétérinaire#Bétail#la volaille#Alimentation biologique#Viande#Agriculture#Aviculture#Organisation pour l'alimentation et l'agriculture

La personne

Enfant, Michel était entouré d'animaux. À un jeune âge, il s'est rendu compte que ce n'étaient pas seulement les humains qui avaient besoin de soins de santé lorsque sa chèvre est morte d'une maladie. Après avoir obtenu son diplôme universitaire, il avait le choix entre être médecin pour les humains ou médecin pour les animaux. Il a choisi d'être vétérinaire et est allé en Ukraine pour poursuivre ses études. De retour au pays en 1993, il fait face à un gel des recrutements de l'État et décide de se tourner vers l'agriculture. Il crée un groupe d'étude pour la promotion de l'élevage en milieu rural en 1999 puis « La Maison du Paysan » en 2000. Sa démarche est contestée par des collègues, universitaires et scientifiques. Dénigré et méprisé, ridiculisé et rejeté, Michel Babadjide a été mis à l'index de tous les séminaires et prestations par ses pairs et le ministère de l'Elevage. Cependant, cela n'a pas arrêté son travail. Il profite plutôt de chaque occasion pour promouvoir son concept comme dans les salons où il rencontre des représentants de la FAO qui testent son concept et l'engagent comme consultant. Le 8 février 2012, le désormais docteur vétérinaire a soutenu avec succès sa thèse devant les plus grands chercheurs de l'Institut National de la Recherche Agronomique du Bénin. Un documentaire intitulé "Et pourtant c'est lui qui avait raison" a été diffusé à la télévision dans tout le pays. Cela a marqué le début d'une collaboration avec des collègues vétérinaires, des universitaires, des départements d'élevage et des plateformes d'enseignement technique et professionnel pour étendre le modèle dans les écoles et les collèges de tout le pays. Michel était ravi de voir qu'avec la validation, "La Maison du Paysan" a quitté l'opposition scientifique et est entré dans le courant scientifique. De 5 clients au départ, la clinique vétérinaire Michel a un portefeuille de 200 clients quotidiens actuellement. Michel promeut également un changement de paradigme dans les modes d'intervention en milieu rural et entend ouvrir un centre de formation plus large sur « Comment mieux intervenir en milieu rural » avec une logique de réforme du système éducatif pour former des paysans diplômés. Pour cela, il a lancé un plaidoyer auprès du Président de la République du Bénin et du Directeur de la FAO.

La nouvelle idée

Malgré l'utilisation de méthodologies modernes, les agriculteurs africains peinent à porter leur production traditionnelle à un niveau de rentabilité suffisant. C'est pourquoi Michel propose une autre voie d'animation et d'encadrement de la spéculation agro-pastorale pour relancer l'économie villageoise et créer des emplois durables en milieu rural. Reconnaissant que certaines techniques occidentales ne fonctionnent pas dans ce contexte africain, Michel a peaufiné les méthodes agro-pastorales traditionnelles et les a combinées avec des pratiques modernes adaptées. Après avoir observé les comportements des animaux, il a développé des techniques simples basées sur l'attitude et la physiologie animale pour améliorer les pratiques actuelles et la productivité des espèces locales. Allant à l'encontre des enseignements académiques traditionnels qui promeuvent la séparation des différentes espèces, il a prouvé que l'élevage de divers animaux ensemble dans le même espace augmente énormément l'efficacité de la production animale. Ses méthodes de promotion de la santé animale se sont répandues dans sa communauté locale ainsi qu'au niveau national grâce à l'éducation et à la formation. Sa vision est de construire une Afrique où non seulement la production d'aliments pour animaux est durable, mais où le continent exporte des aliments sains. Validé par le Centre National de la Recherche Agronomique, Michel passe à l'échelle sa démarche. Son innovation réside dans le fait que son approche est inclusive pour toutes les couches agricoles possibles, y compris les plus pauvres parmi les pauvres, ainsi que les agriculteurs qui ont accès à des technologies de pointe.

Le problème

Le Bénin est un pays essentiellement agricole où l'élevage est une activité relativement secondaire par rapport à la production végétale. Néanmoins, la plupart des familles paysannes élèvent de la volaille, du bétail ou d'autres animaux. L'aviculture villageoise joue un rôle majeur dans la cohésion sociale (activité génératrice de revenus pour les femmes) et la cohésion culturelle (utilisation des poules indigènes et des œufs blancs dans les cérémonies traditionnelles et l'ethno-pharmacologie). Les restaurants de tout le pays sont approvisionnés par ces fermes villageoises pour répondre à la qualité de viande recherchée par les clients. La population nationale de volailles de race locale en 2007 était estimée à 12 millions d'oiseaux (FAO, Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture). L'aviculture villageoise est aujourd'hui confrontée à des difficultés dans les domaines de l'habitat, de l'alimentation, de la santé et de la génétique. Les agriculteurs en activité souhaiteraient bien moderniser et industrialiser le secteur afin d'être plus compétitifs, mais ils ne peuvent pas acquérir les crédits d'investissement nécessaires faute de garanties. Une étude dans 12 provinces du Bénin a révélé que pour chaque ménage élevant 3 à 4 poules, plus de 100 poussins sont jetés par an (âge allant de 1 jour à 2 semaines). Pour les agriculteurs pauvres, l'utilisation d'un vétérinaire n'est pas une option pratique. L'aviculture au Bénin connaît également des problèmes en termes de compétences techniques. Il y a peu d'employés dans les fermes, et ils sont souvent sans instruction ou sans formation adéquate. Les universités forment des cadres africains à l'industrialisation et à la modernisation, mais pas à des techniques applicables dans des contextes plus traditionnels. Ainsi, l'administration publique manque de personnel qualifié pour conseiller et assister les producteurs traditionnels. En raison de ces problèmes, le gouvernement a sélectionné la volaille comme l'un des 12 secteurs prioritaires. Des actions sont en cours pour soutenir directement la production, comme le financement de plus d'une dizaine de micro-projets avicoles par le Fonds National de Promotion de l'Emploi des Jeunes. Cela inclut également l'élaboration de référentiels techniques et économiques. Concernant l'élevage de poulets indigènes, des actions d'amélioration de la production et de la productivité sont en cours. Dans le même temps, l'État a autorisé l'importation massive de viande de volaille au détriment des aviculteurs locaux.

La stratégie

En 1999, Michel s'installe à Lokassa dans le sud du Bénin et décide d'ouvrir un cabinet vétérinaire. Cependant, les gens là-bas avaient déjà eu une mauvaise expérience avec un vétérinaire plus âgé et ne voulaient plus utiliser les services de Michel. L'élevage n'était pas non plus une activité majeure. Confronté à un manque de clients et à une recherche de revenus, il décide de se lancer dans l'élevage, mais est dévasté par la peste. Proche de la faillite, abandonné par sa femme et découragé, Michel est sur le point de partir. Il tombe alors sur un article disant que dans sa région, la production avicole est de 800 000 têtes par an malgré un taux de mortalité de 70 à 80 % dans le cheptel. Il s'est rendu compte qu'il y avait un potentiel dans ce domaine et a envisagé de développer un concept dans lequel les résultats étaient maximisés et sécurisés. Il a été encouragé par le nombre croissant d'activités d'aviculture dans la région et a réconcilié les agriculteurs avec les vétérinaires en démontrant leur rôle important dans le traitement et la prévention des maladies affectant le bétail. Il a démarré une ferme avicole en 2000 nommée "La Maison du Paysan" et a conçu des modèles qui ont amélioré les pratiques d'élevage des agriculteurs. Il a mis en place des méthodes naturelles pour protéger les poulets contre les voleurs, les insectes et autres prédateurs comme les musaraignes. Grâce à des techniques simples et innovantes adaptées à la volaille locale, il a pu obtenir 40 poussins issus de couvées de 20 avec un taux de survie de 90 %. Par exemple, il a découvert que le coq a besoin de s'accoupler 25 fois par jour, mais être dans un espace clos dans lequel les poules sont occupées à couvrir leurs œufs rend le coq agressif. Dans l'élevage industriel, les poussins sont isolés du coq, mais ce n'est pas le cas dans un élevage traditionnel. Michel a attribué 15 poules à 1 coq, créant une rotation entre les nids et une cohérence avec le coq. Cela a réduit l'agressivité du coq et augmenté la fréquence des poules pondeuses. Pour créer et augmenter la productivité de l'agriculture familiale, Michel a travaillé sur les normes de fédération de nombreuses espèces et les synergies créatrices de valeur ajoutée. Il a réussi à réunir harmonieusement 14 espèces animales sur une superficie de 700 m². Cela comprenait des lapins, des poulets, des pintades, des dindes, des chèvres, des porcs, des aulacodes et des pigeons. Les pigeons ont donné un coup de pouce à la ferme en fournissant un revenu supplémentaire grâce à leur reproduction rapide. De 56 lapins, il a obtenu une production de 2 500 par an, et 70 porcelets issus de 3 truies locales. Pour partager ses techniques agro-pastorales en 2000, Michel a réuni ses recherches et expérimentations dans un package de solutions intitulé "Comment produire 300 poulets vivants à partir de 10 poules locales en 6 mois". Il s'est adressé aux autorités agricoles, mais elles ne l'ont pas pris au sérieux, alors il a popularisé le concept grâce à ses propres programmes de sensibilisation individuels et communautaires. Il a commencé par une annonce à la radio et a reçu près de 1 000 demandes d'agriculteurs intéressés. Puis il est allé de village en village pour offrir des formations. Il a demandé une contribution de 1000 CFA (2$) par femme et 1500 CFA (3$) par homme. Pour assurer la pérennité de cette source de richesse pour les agriculteurs et la sécurité alimentaire pour tous, il a inclus une campagne de soins vétérinaires. Michel a enseigné les connaissances vétérinaires de base et les soins médicaux primaires tels que l'importance des vaccinations pour la durabilité du bétail. Impressionnés par les résultats, il est devenu populaire parmi les agriculteurs d'utiliser les services vétérinaires pour l'assistance et la surveillance des animaux. A « La Maison du Paysan », Michel a reçu et interné des élèves pendant deux ans pour contribuer au fonctionnement de la structure. Avec les connaissances acquises, un jeune peut facilement gagner 80 000 CFA/mois, en commençant par 50 lapins et six couples de pigeons. Chaque dernier week-end du mois, « La Maison paysanne » propose une formation sur les gestes d'urgence en soins vétérinaires. Avec le nombre croissant de demandes, il est vite devenu très difficile pour Michel d'assurer un suivi individuel pour tous. En 2004, il adopte une formation communautaire « approche village » sur « l'éveil agro-pastoral ». Cette formation a créé une mobilisation sociale pour lutter contre la pauvreté et la faim et stimuler la création d'emplois durables dans les zones rurales. Pour avoir un plus grand impact, il a décidé de collaborer avec les ONG et les structures impliquées dans les activités d'élevage et d'agriculture dans les zones rurales pour conjuguer leurs efforts et apporter un meilleur soutien aux agriculteurs. Son approche a intéressé la FAO (Organisation mondiale de l'alimentation) et il a été recruté comme consultant pour soutenir leurs programmes de sécurité alimentaire au Cameroun, au Gabon, au Congo Brazzaville et au Niger. Il développe alors un partenariat avec la Société Nationale de Promotion Agricole. Cependant, l'Administration nationale de l'agriculture a exprimé son désaccord sous prétexte que l'approche de Michel n'était pas scientifique, conventionnelle ou rationnelle. L'Institut national de recherche agricole du Bénin a été dépêché en février 2012 pour effectuer des recherches et des analyses sur son approche. L'institut valide le concept de Michel et donne son accord pour son extension. Une chaîne de télévision nationale a réalisé un documentaire sur lui diffusant les agriculteurs qui ont bénéficié de sa formation et l'impact à court et à long terme de l'approche de Michel. Il a ensuite été approché par des municipalités, des ONG locales telles que Hunger Project et Plan Bénin. A ce jour, 3 000 personnes ont été formées par Michel au Bénin. Il est membre du comité d'orientation de l'enseignement technique et le Ministère de l'Enseignement Supérieur de la Recherche Scientifique lui a demandé de créer des unités de la « Maison du Paysan » dans trois universités. L'objectif de Michel est d'augmenter la capacité d'accueil de "La Maison du Paysan" et d'évoluer d'ici cinq ans vers "Le Village du Paysan". Les maisons - composants du village, seront classées par niveau et équipées d'une combinaison de nombreuses techniques et sciences pour répondre à une variété d'intérêts. Les processus de commercialisation et de production que Michel a déjà entamés seront développés et contrôlés par les agriculteurs. Michel a déjà acquis le site du village et a commencé des activités agricoles qui viendront compléter le concept.

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