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Martha Isabel (Pati) Ruíz Corzo
MexiqueGrupo Ecológico Sierra Gorda IAP
Ashoka Fellow depuis 1995

Alors que Martha Isabel Ruiz Corzo apporte le "développement durable" à la biorégion accidentée de la Sierra Gorda au centre du Mexique, elle démontre un large éventail d'approches de plaidoyer, d'éducation publique et de génération de revenus et comment, ensemble, elles peuvent produire un large mouvement de masse.

#Environnement#Environnement naturel#Agriculture#Eau#Sciences de l'environnement#Biodiversité#Écologie#Environnementalisme

La personne

Pati et sa famille vivaient une vie de classe moyenne confortable à Mexico lorsqu'ils ont pris la décision radicale d'abandonner leurs professions - Pati en tant que musicienne / professeur de musique et son mari en tant que comptable - et de déménager dans la région d'origine de son mari. Sierra Gorda. "J'étais aux prises avec des problèmes de santé, tout comme l'un de mes deux fils", explique-t-elle. "Grâce à la recherche, j'ai compris que notre façon de vivre, la toxicité de Mexico, nous rendait littéralement malades." Pendant un an et demi, la famille a examiné ses options lors de visites dans la Sierra Gorda. Ils sont devenus convaincus que leur propre bien-être ainsi que l'avenir sain de leur pays passeraient par un « retour à la nature ». "Je ne préconise pas une sorte de primitivisme", déclare Pati, qui apparaît comme le pragmatique par excellence, "mais plutôt un recentrage de notre intelligence sur les moyens de vivre durablement au sein des systèmes écologiques". Elle a assumé la responsabilité d'éduquer elle-même ses enfants, leur enseignant le matin et se consacrant à l'organisation communautaire l'après-midi. "Mes enfants n'ont ni papiers ni diplômes scolaires, mais ce sont des encyclopédies ambulantes", dit-elle. Les deux adolescents sont impliqués dans des activités environnementales et envisagent de poursuivre une formation professionnelle en sciences de l'environnement. Jusqu'à présent, leur éducation non conventionnelle n'a pas nui à leurs chances de carrière. Bien au contraire, se vante fièrement sa mère Pati, en partie à cause de l'attention internationale que le Groupe a acquise grâce à son programme de plantation d'arbres, son fils aîné a décroché un stage auprès du United States Forest Service.

La nouvelle idée

Martha Isabel Ruiz Corzo, mieux connue sous le nom de Pati, construit un mouvement de masse. Elle engage les gens en leur présentant des opportunités rentables soigneusement structurées pour s'assurer que les objectifs sociaux clés sont atteints. Son programme vigoureux de plantation d'arbres commerciaux en est un bon exemple. Elle essaie également de trouver des moyens d'augmenter sa rentabilité, en développant des programmes complémentaires d'écotourisme et d'observation des oiseaux, par exemple. Elle engage les gens en mettant le feu à leurs enfants. Elle engage les gens en utilisant tous les moyens de communication disponibles, des affiches anti-ordures faites à la main à la radio. Elle engage les gens en organisant habilement les efforts de bénévolat. De plus, elle travaille dur pour développer une base financière indépendante, potentiellement adéquate et capable de croître avec le mouvement. Pati est parti du principe que l'environnement naturel dont ils dépendent fortement est encore plus important pour les paysans et les ouvriers de la Sierra Gorda que pour les classes professionnelles plus généralement associées aux organisations de conservation. Elle a fondé le groupe écologique Sierra Gorda en tant que mouvement social de base axé sur la majorité pauvre de la région - ce qu'ils doivent savoir et leurs besoins et préoccupations pratiques. Les boursiers en environnement du monde entier s'efforcent de trouver des moyens systémiques d'inciter les gens à prendre en compte l'environnement dans leur prise de décision quotidienne. Les stratégies centralisées ne peuvent pas fonctionner, car il n'y a pas de bonne réponse. Le mélange des besoins humains et environnementaux varie inévitablement d'un endroit à l'autre et d'un moment à l'autre. La contribution de Pati à leur recherche est à la fois un certain nombre d'approches spécifiques et un mouvement et un changement de conscience plus que la somme des parties.

Le problème

Les montagnes de la Sierra Gorda sont fertiles et bénéficient de pluies abondantes. Ils sont un habitat naturel pour les pins, les genévriers, les chênes, les érables, les noyers, les cycas, les champignons rares et au moins 432 espèces animales. Mais la région est également peuplée d'un grand nombre de pauvres, qui sont pris dans un cycle d'appauvrissement descendant avec de graves conséquences pour leur environnement. La flore et la faune ne sont plus protégées. Pati évalue les mauvaises pratiques d'assainissement et la déforestation comme les principaux péchés environnementaux. Pratiquement toute l'eau de surface des montagnes est polluée par les déchets humains et le bois est le principal combustible de cuisine et de chauffage. Le boisage et la coupe à blanc pendant des siècles d'agriculture de subsistance ont dénudé les coteaux. Environ 6 000 hectares de forêt sont coupés chaque année dans l'État. La pluie et le vent emportent chaque année de nombreuses tonnes de terre végétale de chaque hectare de terre cultivée dans les montagnes. La perte du couvert forestier a réduit la rétention d'eau, abaissant les taux de recharge de la nappe phréatique et dégradant l'habitat naturel de la faune. Pendant ce temps, l'approvisionnement en eau est pollué en raison du manque de systèmes publics d'égouts et de gestion des déchets solides. Les gens ont souillé des puits avec des ordures, des détritus et des égouts contaminés. Au fur et à mesure que les ressources en terre et en eau se déprécient, les rendements agricoles diminuent et la pauvreté, avec tous les maux qui l'accompagnent, augmente. Pati estime que cette tendance est inhérente à la pratique de l'agriculture de subsistance en montagne et que l'amélioration de la situation économique et écologique de la région nécessite un changement fondamental. Mais il existe peu d'autres options pour gagner sa vie dans la région, dont la plupart ont de mauvaises routes, pas d'électricité et pas de téléphone.

La stratégie

L'effort d'éducation environnementale est le fondement du programme global de Pati. Sur une base majoritairement bénévole, les membres du Groupe donnent chaque année des cours à 15 000 élèves dans 150 écoles primaires et secondaires publiques de la région. Le Groupe recrute, forme et accompagne les enseignants bénévoles. Il leur fournit également du matériel didactique. Pati a constaté que l'éducation des étudiants est un moyen très efficace de changer les attitudes et les pratiques de l'ensemble de la population, car ils embrassent l'effort avec un tel enthousiasme, gagnant de nombreux convertis pour ses idées. Pati souhaite également éduquer la communauté dans son ensemble par le biais des médias et lors d'événements communautaires. Son groupe tient un stand dans les nombreux marchés en plein air périodiques de la région à travers lesquels il vend des poêles économes en énergie et des latrines sans odeur et promeut plus généralement les bonnes pratiques environnementales. Pati dirige également une émission de radio hebdomadaire d'une demi-heure dans laquelle elle expose les abus environnementaux, divertit avec des histoires informatives sur l'environnement et fournit généralement des conseils utiles. Cette émission est très populaire et Pati est devenue une sorte de héros folklorique dans la région pour sa critique vigoureuse de l'inattention gouvernementale à l'égard de l'environnement. On dit que le gouverneur de l'État ne manque jamais son spectacle. Sans vergogne, ses programmes d'éducation servent également de principal vecteur de marketing pour les "entreprises écologiques" du Groupe. À l'objection possible selon laquelle ce type de mélange d'éducation et de marketing peut dissimuler de manière inappropriée des motifs commerciaux dans des messages d'intérêt public, Pati répond avec une vigueur caractéristique. "Nos activités génératrices de revenus servent directement les objectifs environnementaux", affirme-t-elle, "et de la meilleure façon possible, en démontrant qu'un bon environnementalisme est aussi une bonne affaire". L'activité la plus importante du Groupe est son projet de reboisement qui s'est traduit par la plantation de plus de deux millions d'arbres en cinq ans. Il demande à la communauté de semer 600 hectares par an de résineux qui peuvent être récoltés à des fins commerciales comme source de revenus. Le gouvernement fournit de nombreux semis du Groupe (une autre victoire majeure de Pati après sa dénonciation publique du programme préexistant de semis corrompu de l'État), et le Groupe élève le reste dans sa propre pépinière. Au cours d'une année, un individu ne peut récolter que le nombre d'arbres qu'il a plantés au moins huit ans plus tôt. Quelque 1 500 petits propriétaires y participent, conseillés par cinq consultants du Groupe. Afin de contribuer au repeuplement de la faune menacée, le groupe privilégie les arbres qui attirent les oiseaux et autres animaux. Étant donné que de nombreux arbres ne sont jamais réellement abattus et que l'abattage est échelonné par zone et par année, le résultat net est une forêt régénérée en constante expansion. Le plus gratifiant pour Pati, c'est que les familles découvrent qu'il est beaucoup plus rentable à long terme de planter et de récolter des arbres que de continuer avec les méthodes d'agriculture de subsistance destructrices du passé. L'un des aspects les plus ingénieux du plan marketing du Groupe est la construction et la vente de latrines à compost sans odeur et de poêles à bois économes en énergie pour réduire la pollution et l'abattage des arbres tout en collectant des fonds pour le programme éducatif. Comme indiqué ci-dessus, les séminaires éducatifs créent à leur tour une plus grande demande de réchauds et de latrines. Jusqu'à présent, le groupe a été responsable de l'installation de plus de 480 réchauds et de 11 000 latrines, qui, en plus de réduire la pollution des cours d'eau, fournissent également des engrais organiques pour le jardinage. Dès le départ, Pati a développé son programme pour en faire un modèle pouvant être reproduit dans tout le Mexique rural. "Je suis enraciné ici, avec cette terre et ces gens. Mais cela ne signifie pas que ce que nous faisons est sans penser au problème plus large qui nous entoure. Nous sommes constamment engagés à expliquer notre travail à d'autres qui nous visitent d'ailleurs au Mexique. et au-delà."

Martha Isabel (Pati) Ruíz Corzo